"An Evening With Dream Theater" 30/08/2000, NYC

Un article de Dreamologie.

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"An Evening With Dream Theater" 30 Août 2000 - Roseland Ballroom, New York City

Mike annonça aux fanclubs le 13 juillet que DREAM THEATER allait enfin enregistrer son DVD au cours d'un show spécial en deux parties avec entr'acte. Immédiatement, je contactais Stéphane, qui était en vacances sans possibilité de lire ses mails. Notre sang ne fit qu'un tour : il semblait bien qu'il allait "falloir" retourner aux USA plus vite que nous ne l'avions pensé ! Il n'y eut aucun mal à convaincre Franz de réitérer l'aventure. En effet, ce show s'inscrivait dans la lignée directe des événements qui ont marqué la carrière de DREAM THEATER :

Limelight, New York City, Mars 1993 : show avec entr'acte et très rare interprétation de "A Change Of Seasons" version Kevin Moore; The Marquee, Londres, Avril 1993 : enregistrement de Live At The Marquee; Sun Plaza, Tokyo, Août 1993 : enregistrement de la vidéo Images And Words Live In Tokyo;Ronnie Scott's Jazz Club, Londres, Janvier 1995 : "Uncovered", show de reprises uniquement avec invités spéciaux (voir A Change Of Seasons);Nighttown, Rotterdam, Juin 98 : Fan Club show, voir (Christmas CD 1998); Le Bataclan, Paris Juin 1998 : enregistrement de Once In A Livetime.

C'est donc le même trio de Pieds Nickelés qui s'est en allé couvrir l'aventure… Ce concert devait être la dernière interprétation live de Scenes From A Memory dans son intégralité, ce que confirma Mike par la suite.

Scenes From New York City

Nous arrivons à l'aéroport JFK le jour même, vers 14h, heure locale. C'est un premier soulagement de voir qu'au moins, nous ne serons pas en retard au concert du soir. Après une pénible traversée des quartiers de New-York, nous atteignons Manhattan, puis notre hôtel. En sortant du taxi climatisé, une épouvantable chaleur moite nous prend à la gorge, c'est quasiment insupportable. Nous nous rendons quand même à pied à un autre hôtel, où nous avons rendez-vous avec d'autres responsables de fanclubs, venus aussi spécialement pour l'occasion. Nous passons alors devant le Roseland Ballroom, où se pressent déjà des fans, filmés par un cameraman ! Nous retrouvons le staff du fanclub international (Theater Of Dreams) et montons dans le très confortable hall du Novotel où nous avions rendez-vous. Nous y retrouvons par exemple tour à tour le gang des Italian Dreamers et le webmaster de MikePortnoy.com. Nous avions aussi donné rendez-vous à Nick Bogovitch, Bogie pour les intimes, webmaster de Lines In The Sand (le site web qui fournit tant de trésors sur DT en mp3). C'est toujours fort sympathique de se rencontrer enfin après tant de mois d'échanges amicaux par email !

Trêve de bavardages (entre gros passionnés, ça aurait pu durer longtemps), nous nous rendons vers 19 heures devant le Roseland Ballroom où la queue s'est considérablement allongée. En citoyens bien éduqués, les Américains font tranquillement la queue tout le long de la rue. L'excitation est quand même palpable et la police monte la garde afin de veiller à bien laisser la voie libre aux piétons, et la rue aux automobilistes. A l'entrée de la salle, une affiche annonce que le show va être enregistré et qu'il va falloir donc crier ! Après 20 minutes d'attente, les portes s'ouvrent et dans le hall de la salle, première bonne surprise : il y a du merchandising spécial pour le show de ce soir. C'est un t-shirt imprimé des deux côtés : face, le logo DT et l'inscription Metropolis 2000: Scenes From New York, et juste en dessous une parodie du symbole du "cœur" enflammé (cf. la pochette de Live At The Marquee), remplacé par une pomme rouge (pour Big Apple) ; dans les flammes, apparaissent les gratte-ciel et la Statue de la Liberté. Côté pile, on trouve en gros le titre de cet article. Limité à 400 exemplaires, ces t-shirts seront épuisés en peu de temps.

La salle est assez ancienne, rappelant vaguement l'Elysée Montmartre, mais de capacité double. Il y a un balcon qui fait tout le tour de la salle. La partie droite est réservée aux invités (famille, amis) des musiciens. Nous nous installons partie gauche, ce qui nous donne le loisir d'admirer l'installation technique de ce soir. Trois caméras numériques sont placées devant la scène, dont une installée sur des rails pour les travellings. Une autre est installée dans la salle à côté de la table de mixage façade. Puis, nous le verrons par la suite, deux cameramen mobiles entreront en action sur scène, l'un spécialement dédié au jeu de Mike et l'autre filmant activement Jordan. Bref, ce n'est pas moins de 6 caméras qui vont mettre en boîte le show, ce qui nous promet une richesse de plans encore meilleure que les deux vidéos précédentes. Côté équipement, on retrouve deux "mini" écrans plats de chaque côté de la scène, comme sur la tournée, mais cette fois un écran "géant" a aussi été placé derrière la scène. En fait, cette dernière faisant une dizaine de mètres de large maximum (entre les murs d'enceintes), l'écran ne paraît pas minuscule comme au Zénith. Les écrans entrent d'ailleurs en action vers 20 heures, en diffusant un spectacle de danseuses répétant des figures plutôt mauvaises sur la musique de "Under A Glass Moon" ! La même chose suit avec "Universal Mind". De toute évidence, c'est de la provocation, et les Américains, toujours prompts à se mobiliser, entament un "Fuck this shit !" en cœur. C'est sans animosité réelle, mais il est vrai que c'est pénible de se taper une telle connerie quand la tension est à son comble. Un coup d'œil à la console nous apprend que Vinnie Kowalski est là. Pour les fans les plus récents, sachez qu'il s'agit du fidèle ingénieur du son de DT jusqu'à la tournée FII incluse. Il est là en invité d'honneur, se régalant visiblement du dispositif installé ce soir. C'est l'excellent Jerry Carillo qui est en fait aux manettes de la console (qui a assuré toute la tournée SFAM et qui a réussi l'exploit de faire sonner aussi bien DT au Zénith), mais on se doute qu'avec Vinnie en plus à ses côtés au cas où, on va prendre cher ce soir. D'ailleurs on ne va pas tarder à le savoir car les écrans se coupent vers 21 heures et l'intro "Laura Palmer Theme" coule délicieusement dans la salle. L'atmosphère est électrique et tout le monde contient bien mal sa patience. Enfin arrive le tic tac du métronome. Ô surprise, quand la lumière arrive nous découvrons un hypnothérapeute en chair et en os, en la personne d'un vieil acteur à l'allure freudienne, et qui commence à entamer le fameux "Close your eyes and begin to relax…". James est allongé à côté de lui dans un canapé, et semble dormir. Le public est tétanisé et observe la scène religieusement sans penser à scander l'intro comme sur les dates habituelles. Il faut dire que le rythme est totalement différent de celui de Terry Brown, le vieux monsieur parle plus lentement, avec beaucoup d'emphase. Le public sort de son début d'hypnose (justement !) quand il voit arriver dans la pénombre John Petrucci avec son tabouret. "Regression" commence et James chante allongé depuis son canapé. Le public hurle déjà, et rapidement, les autres musiciens investissent la scène, et c'est parti pour un "Overture 1928" des familles. Nous nous regardons interloqués : le son est d'une puissance et d'une clarté phénoménales. Le pied intégral. A croire que le matos de ce soir est de qualité supérieure à d'habitude. Jerry est très, très affairé au mix, et permet à tous les musiciens d'être entendus, mettant en avant qui il faut quand il faut. Comme d'habitude avec SFAM, les titres défilent à toute vitesse sans s'en rendre compte. Principal défaut d'interprétation jusqu'alors, John connaît quelques difficultés à interpréter le solo de "Fatal Tragedy" correctement. Quelques imprécisions et très légers retards sont les erreurs minimes que les puristes relèvent. Etant donné le stress qui doit habiter les musiciens, surtout quelqu'un d'exposé et guetté comme John, on se dit que ce n'est pas grand-chose. D'ailleurs, si stress il y a vraiment, il ne se lit pas du tout sur leurs visages. Sans atteindre le jeu de scène de la vidéo Live In Tokyo (ce n'est pas non plus la même taille de scène !), les musiciens se donnent vraiment. John P. adopte la metal attitude, et le père Mike bastonne comme un damné, s'en donnant à cœur joie pour être très expressif sur la vidéo. Lorsque finit le terrassant "Beyond This Life", nous avons droit à la première grande surprise du show : Theresa Thomason en personne arrive sur scène ! Il s'agit de la chanteuse de gospel invitée sur SFAM pour "Through Her Eyes" et "The Spirit Carries On". Visiblement, DT a voulu se donner les moyens de transposer convenablement SFAM pour cette dernière représentation. Haute perchée à côté de la batterie de Mike, Theresa pousse donc ses vocalises à la manière de la version studio, et John P. se joint à elle pour un duo genre questions-réponses entre le chant et la guitare. Hélas, John s'emmêle assez vite les pinceaux et le résultat global n'est pas fameux. En effet, même si John évite de justesse l'écueil de son solo du Zénith (à savoir bien trop technique et pas dans l'esprit de l'intro), il empiète sur les parties de Theresa et le résultat est un beau cafouillage, qui restera comme LE ratage de la soirée. C'est le problème de l'improvisation… Tant pis ! Theresa s'en va dans les loges, puis on replonge bien vite dans la perfection. Point fort de la soirée en ce qui concerne l'interprétation de SFAM : "Home" est carrément survitaminée, difficile de dire à quoi cela tient mais la rythmique est ultra-plombée et ravage tout. Le public reste assommé par un son aussi heavy. Pourtant, suit derrière l'instrumental infernal que l'on sait, et les musiciens ne donnent aucun signe de faiblesse. Heureusement pour nous (et pour eux !), arrive la "pause" de "One Last Time" et "The Spirit Carries On", et boum ! Deuxième surprise : c'est cette fois toute la chorale gospel qui débarque sur scène ! Habillée avec les longs costumes d'église, ambiance quoi ! C'est purement grandiose et le public acclame comme il se doit cette arrivée inattendue. James prend Theresa par le bas et celle-ci assure le chant lead du pont. Une fois tout ce monde parti, tout est prêt pour conclure en beauté l'œuvre avec le 9ème acte. James tient une forme hallucinante et atteint, pour la première fois depuis que j'ai vu SFAM live, toutes les notes aiguës de l'album. A la fin de "Finally Free", c'est une ovation formidable de bien plus de 3000 personnes (la plus grande audience à ce jour aux USA pour DT) qui retentit, pourtant les musiciens s'esquivent pendant la diffusion finale de la scène avec Nicholas et ne viennent pas saluer. L'entracte de 20 minutes commence.

Mike a décidé de nous faire profiter de ses goûts en matière de cinéma et les écrans nous diffusent des extraits de ses films préférés. Nous avons droit tour à tour à : Willy Wonka and the Chocolate Factory (film pour enfants de 1971, adapté de la nouvelle de Roald Dahl Charlie and the Chocolate Factory) Scarface (de Brian de Palma, avec Al Pacino) Reservoir Dogs (de Quentin Tarantino, avec Harvey Keitel) This is Spinal Tap (est-il utile de présenter ce film culte pour tout amateur de hard rock ?) A Clockwork Orange (de Stanley Kubrick, le réalisateur préféré de Mike !) Blue Velvet (de David Lynch, 1986) Buffalo 66 (de Vincent Gallo, 1998) Pink Flamingos (de John Waters, 1972) Clerks (de Kevin Smith, 1994) Austin Powers Tenacious D (série TV comique américaine) South Park

Cette entracte déclenche beaucoup de bonne humeur parmi le public américain qui connaît très bien la plupart de ces films. Il reprend même en chœur la chansonnette de South Park, après avoir s'en être donné à cœur joie sur l'extrait (issu de Clerks me semble-il) où un homme montre son anus en gros plan (plutôt inattendu dans cette Amérique puritaine, il faut le reconnaître !).

Dream Theater revient sur scène. On sait qu'il nous reste alors la partie la plus spéciale du show, et tout le monde se prend à rêver de voir le groupe interpréter des titres délaissés lors des dernières tournées. C'est "Metropolis Pt.1" qui ouvre la danse, ce qui est relativement logique. Premier bug technique, lorsque James veut attaquer le chant, rien ne passe dans le micro. Malgré les signes à la sono, le problème ne se résout pas ; les musiciens font tourner la mesure. James prend alors un micro de secours, et en grand professionnel qu'il est, il a l'intelligence de ne pas lancer le titre, mais de faire une présentation de chacun des musiciens, ce qui permet de faire oublier l'incident et de les acclamer tour à tour. Et tout naturellement, le groupe remet ensuite en selle le titre comme s'il ne s'était rien passé. Quelle maîtrise ! Tout le public chante ce classique qui est sans doute le titre le plus populaire du groupe après "Pull Me Under". DT continue de plus belle en lançant l'intro de "The Mirror". Dès lors, on craint d'avoir affaire au medley que vous avez (presque) tous entendu au Zénith. Aussi, quand DT arrive au moment où s'enchaînait "Crimson Sunrise", nous retenons notre souffle… Gagné ! DT continue et se lance donc dans l'intégralité de "The Mirror", en fait combiné avec la fin de "Lie". La Music Man 7 cordes de John (de magnifique couleur cerise) a bien terrassé le modèle précédent. Le son est ultime ! De 7 cordes il est encore question avec la suite, puisque le medley précédemment cité déboule ("Just Let Me Breathe"/"Acid Rain"/"New Millennium"/"Caught In A Web"), un peu raccourci donc. Après une telle débauche d'énergie, il est réellement temps de se calmer. C'est "Another Day" qui va nous offrir une nouvelle surprise, avec Jay Beckenstein lui-même au saxophone ! Le musicien qui avait participé à Images And Words a eu la gentillesse de venir spécialement pour ce titre. A noter que c'est aussi lui le propriétaire du Bear Tracks Studio… Passé ce beau moment d'émotion qui a vu James se sortir à merveille de ce titre (qui représente désormais pour lui un challenge), Jordan permet à ses camarades de s'éclipser en se lançant dans son solo et ses exercices de style habituels. Une fois ce trou normand ingurgité, nous attaquons un nouveau plat de résistance avec le costaud triptyque "A Mind Behind Itself" ("Erotomania"/"Voices"/"The Silent Man"). Les fans hardcore d'Awake sont à la fête ! Comme DT a l'habitude de revisiter ses compositions, "Erotomania" voit les musiciens s'amuser à réduire le tempo de certaines de ses parties, et "The Silent Man" est interprété en version électrique (cela avait été très rarement fait auparavant), avec petits solos jazzy qui vont bien. Le plus drôle est que Mike nous avouera ensuite que le groupe n'avait pas eu le temps de la répéter, c'était donc la première fois qu'il la rejouait ainsi, et la première fois tout court avec Jordan. Nous n'y avons vu que du feu. Réellement épatant. Je ne vous cache pas qu'à ce moment du concert, nous étions repus. Pourtant, DT s'en va et nous savons que ce n'est que le premier rappel. Retour à nouveau à Images and Words avec "Learning To Live". C'est un véritable bonheur car ce titre est pour beaucoup le plus émouvant et le plus fort de l'album. DT a ajouté un petit passage reggae (comme la fin de "Universal Mind" de LTE) qui détend un peu l'atmosphère tragique de ce titre. Deuxième rappel : les écrans entrent en marche pour la dernière fois. Tiens, c'est un extrait de Dead Poets Society (Le Cercle des Poètes Disparus). Très rapidement tout le monde comprend : "Carpe Diem" … "Seize the day…", c'est clair, on va avoir droit à "A Change Of Seasons" ! John fait donc reluire la 7 cordes pour la dernière fois, et DT finit de nous assommer avec ce titre épique (votre préféré d'après le dernier référendum en date), qui comprend lui aussi quelques modifications (mineures).

Inutile d'en rajouter : vous vous doutez bien que l'ovation finale fut assez grandiose. 3h15 de show irréprochable. Quel DVD en perspective ! (voir tous les détails à ce sujet dans l'interview de Mike) Oui, DT s'est donné les moyens ce soir. Oui, DT a encore franchi un pas ce soir là. Etre aussi performant pendant une telle durée de jeu, tout en étant filmé, relève d'un exploit qui ne connaît pas vraiment d'égal. De l'avis unanime des européens qui avaient fait le déplacement et qui cumulent des dizaines et des dizaines de concerts de DT, le show de New York est apparemment sans conteste le meilleur du groupe, à tous points de vue. Bref, cela valait encore le déplacement… Mais que feront-ils la prochaine fois ?